dimanche 28 mars 2010

La couture pour débutante...

Alors, il faut :
1.Du tissu : ça c'est la partie que je préfère ! Capable de passer des heures au marché Saint Pierre à toucher, fouiner au milieu des montagnes de coupons, demander au monsieur pas sympa mon mètre de tissu, aller à la caisse de l'étage payer la dame pas sympa non plus mais qui à l'air d'être là depuis 1950, donc quand même sympa...Passer à l'étage supérieur, refaire la même manip (parce que non, tu ne peux pas payer tout d'un coup dans ces magasins dont l'organisation est restée calée sur le bon vieux système paternaliste des grands magasins du 19ème siècle). Mais j'adore...J'ai l'impression de redevenir la petite fille qui avait le droit de fouiller dans l'atelier de ma grand-mère parmi les chutes de tissus stockés dans un vieux baril de lessive prévu à cet effet qui m'attendait à chaque période de vacances.



Moins marrant mais quand même riche de découvertes, on trouve aussi des merveilles sur des sites comme Tas-ka , sur Etsy, ou chez Olivelse (arrrghhhh, le talent d'Olivelse !!!). Mais ça, ce sera quand j'aurai fait mes preuves...
NB : Erreur de débutante : Ne pas choisir le tissu que sur des critères subjectifs ou esthétiques...L'imprimé peut être dangereux, et l'épaisseur s'avérer un obstacle technique insurmontable. Donc ne pas faire comme moi, éviter la fourrure moumoute et les fleurs...

2. Ouvrir pour enfin mettre en pratique ce livre génial qui prend la poussière depuis quelques temps. Aller du côté de chez Au pays des Boons, Comme à l'école, ou mamôn coud et papa bricole, reluquer encore tout ce qu'elles savent faire de leurs doigts de fées pour se sentir gonflée à bloc et se lancer sur un modèle (à priori) facile. J'avais déjà ma petite idée en choisissant le tissu...pour le métré, j'ai pris large...au pire j'ai 2 filles...



3. Négocier avec Ninou qui a décidé que "non ze-veu-pa-le-zerouel-ze-veu-la robe qui toune"...mais s'en tenir à son idée pour débuter ou bien c'est pas une robe qui tourne qu'elle va avoir mais un sac en forme de robe (ou le contraire) qui ne tournera jamais...

4. Se faire prêter la machine. Parce qu'investir de suite chez Singer, c'est risqué. Mon heureuse bienfaitrice n'est autre que belle-maman qui a rameuté tout son réseau pour me dégoter une machine tout droit sortie du film OSS 117. La valisette (qui porte mal son nom car elle semble contenir le poids d'un coffre-fort) contient donc cette magnifique Singer 367.



5. Trouver le mode d'emploi de l'engin. Taper "mode d'emploi singer 367" sur internet et s'émerveiller de la réactivité et de la gentillesse des 3 supers nanas auxquelles j'ai jeté des bouteilles à la mer et qui m'ont toutes renvoyé la dite notice en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

6. Se lancer en mode test. Bidouiller...rater...s'énerver...rafistoler le truc qui sert à tenir la bobine qui est cassé, qui fait que c'est quand même difficile de faire marcher la bête d'une main (l'autre servant à tenir la bobine...). S'énerver quand pour la dixième fois le fil pète parce qu'il est monté en vrac, que la canette fait une petite boulette qui mange la moitié de la bobine (canette réalisée à la main parce que même avec le mode d'emploi, j'ai pas réussi...mais c'est pas une canette qui va m'arrêter !).
S'emerveiller encore de trouver en 3 clics un ancien technico-commercial de chez Singer qui ayant oeuvré dans les années 70 m'a tranquillement appris en 2 emails limpides à remettre la plaque à aiguilles qui avait sauté avec la canette en boulette...

7. Comprendre ce qu'il est écrit dans le livre. Car aussi simple que cela puisse paraitre, c'est un peu comme si vous ne saviez faire qu'une omelette et que vous décidiez de vous mettre en cuisine avec un livre de Paul Bocuse...Bien qu'il s'agisse d'un ouvrage formidable, également destiné à des débutantes comme moi, il faut s'imprégner des lignes. Revoir le glossaire en page 3 pour être sûre de comprendre ce que signifie cranter, soutenir, former un biais...
Et un peu comme le champion de ski qui refait le parcours dans sa tête avant de se lancer, s'assurer que chaque étape pousse naturellement la suivante. Dans mon cas, il a fallu que je fasse une maquette modèle réduit mais ça ne m'a pas empêché de louper quelques portes..

8. Couper. Si la notice indique 60 cm de tissu pour réaliser le modèle, prévoir...1m50 ! J'ai d'abord coupé le patron, puis coupé le tissu. Mais avec le patron posé à l'envers, il aurait fallu retourné la tête de Ninou pour que ça ressemble à une emmanchure...j'ai bien envisagé une fermeture dans le dos au lieu de devant mais pour un gilet c'eut été facheux. J'ai donc recommencé...3 fois...parce que quand il a fallu plier le tissu pour une parfaite symétrie de coupe, j'ai coupé du mauvais côté de la pliure...vu que c'était pour une doublure apparente...



9. Piquer. Malgré les essais, le mode d'emploi, ma hotline en retraite de chez Singer...quelle ne fut pas ma stupeur de découvrir que la bobine de 100 mètres de fil était vide alors que le modèle restait encore à l'étape de prototype importable. Oui, 100 mètres de fils ! Je me demande encore si je n'ai pas accroché l'extrêmité de la bobine sous mon pied en allant chercher ma baguette chez la boulangère ! Mais non, quelques canettes recalcitrantes éradiquées à coups de serpette, des dizaines de piqués de travioles qu'il a fallu défaire et refaire. Et pour la première fois de ma vie, j'ai mis à la poubelle un plastique de bobine vide ! Jusque là, les bobines de fils de ma boite à couture étaient celles de ma mère, qui devait elle même les tenir de sa mère...

10. Prévoir large. Tant du point de vue du tissu que du temps. Non, une journée ne suffira pas à lancer ma première collection. Pas plus que ma première pièce...Nous avons donc dîné 2 soirs de suite sous forme de plateaux TV puisque le salon était devenu zone de chantier interdite au public. Et le port du chausson à semelle sécurisée sera d'ailleurs obligatoire pendant au moins un mois le temps de venir à bout de toutes les aiguilles semées.


11. Vient l'heure de l'essayage...Encore faut-il que le modèle daigne s'intéresser au travail accompli...beaucoup de négociations et quelques bonbons après, ça donne ça
Pour s'entendre finalement dire "ze peu l'enlever, ze préfère mon jin moa !"

La machine va sans doute retourner d'où elle vient. Je vais continuer à acheter des jolis tissus en rêvant que j'ai le temps et le talent de ma grand-mère pour en faire quelque chose. Le temps d'un sarouel et d'un gilet, j'ai retrouvé un bout de mon enfance mais mon petit bout à moi il préfère son jean à mes souvenirs. Et je crois qu'elle a bien raison ! CQFD...

1 commentaire:

  1. Bonjour!
    Ma grand mère m'a donné une Singer 367, mais sans mode d'emploi. Sur internet je ne l'ai trouvé qu'en italien. Auriez-vous la gentillesse de me l'envoyer par mail?
    Merci d'avance
    Constance

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